Le choix d’Andromaque est un cas particulier dans le parcours des TPR et tient à trois motifs :
Sujet Veuve d’Hector depuis la destruction de Troie par une coalition d'armées grecques, Andromaque est emmenée captive par l’un des vainqueurs, Pyrrhus, roi d’Epire. Eperdument épris de sa captive, celui-ci la demande en mariage, lui offrant ainsi de devenir reine d’Epire. Essuyant un refus horrifié, il recourt au chantage en la menaçant, si elle persiste, de livrer son fils Astyanax à Oreste, venu réclamer l’enfant au nom des anciens coalisés grecs : ces vainqueurs redoutent de voir Astyanax devenir plus tard le vengeur de Troie. Andromaque se retrouve écartelée entre son amour pour son fils et sa fidélité à son époux Hector, tué par Achille, père de Pyrrhus. Le feu amoureux s’embrase du fait que Pyrrhus est passionnément aimé d’Hermione (fille de Ménélas et d’Hélène), elle-même ardemment désirée par Oreste… Désirs et stratégies de pouvoir ne tardent pas à entrer dans une infernale danse de mort, dont l’héroïque et hiératique figure d’Andromaque constitue le cœur noble et vulnérable.
La vision de l’œuvre induisait une mise en scène qui se tienne à égale distance d’un "classicisme" figé (une pièce n’est pas un reliquaire) et d’un "modernisme" abusif (une pièce n’est pas un slogan politique). Partageant la position du pianiste Alfred Brendel, selon qui c’est à l’œuvre de dire à l’artiste ce qu’il a à faire, et non à l’artiste de dire à l’œuvre ce qu’elle a à signifier, Christian Nardin ne voyait le projet de monter une œuvre classique qu’après une longue manducation de l’œuvre, dans une remontée parallèle aux sources de la légende qu’elle relate et au contexte de sa genèse. L’impératif reste de raconter au spectateur une histoire crédible, profonde, dans le respect de ses supports narratifs et de ses choix d’expression.
Le projet était loin d’être simple, déjà sur le plan langagier : vu l’écart croissant (pour le public contemporain) entre la frappe de la langue classique et l’entendement actuel du français, l’alexandrin doit être travaillé de manière à conjuguer l’intelligibilité de l’énoncé et la musicalité de sa prosodie. Pour le jeu des interprètes : ne rien outrer dans le rôle, mais le vivre en profondeur. Car s’ils sont des êtres de chair et de sang, les personnages de Racine ont une aura de statues de bronze qui, en s’animant, s’éclairent de l’intérieur.
A certains interprètes qui avaient joué dans Port-Royal, se sont joints de nouveaux comédiens. Christian Nardin retrouva en particulier son amie d’enfance, Odile Schmitt.
L’accompagnement pédagogique : La réputation des classiques français repose sur un paradoxe : ils passent pour des textes rébarbatifs, et continuent de figurer avec succès dans la programmation de nombreux théâtres. Comment expliquer ce paradoxe ? Telle a été la visée de la Semaine Racine, organisée en collaboration avec Hervé Duverger, professeur agrégé de Lettres Modernes, que sa passion pour le théâtre du XVIIè siècle détermina à participer à l’aventure d’Andromaque. Quatre axes ont été privilégiés :
Représentations : Théâtre du PréO, Oberhausbergen. [11-14 mars 2009]
Reprises :
2010 : | Rueil-Malmaison, Centre Culturel Edmond Rostand. [12-14 février] |
Strasbourg, "Bibliothèques Idéales", Médiathèque Malraux. [23 septembre] | |
Paris, La Sorbonne (Grand Amphi), à l’invitation de l’AMOPA, à l’occasion du son Gala annuel. [10 décembre] Andromaque - La Sorbonne. |
Certaines de ces vidéos sont extraites de captations improvisées de qualité limitée. Elles ont pourtant été conservées en témoignage du spectacle et du jeu des interprètes.