> Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu 2004

Pourquoi cette oeuvre ?

En 1982, Christian Nardin entendit par hasard cette pièce sur France Culture, dans une version de La Comédie Française mise en scène par Simon Eine. Subjugué par le contenu de l’œuvre, il dut attendre dix ans avant de découvrir le livre en librairie. Se plongeant dans la lecture, il comprit qu’il y avait là un de ces textes fracassants qui éclairent notre époque de façon lumineuse, et qui, de ce fait, méritent d’être connus de tous.

L’histoire de cette œuvre est à peine croyable. Paru sous anonymat en 1864, le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu (écrit en réalité par un avocat parisien, Maurice Joly, ) est un pamphlet dirigé contre le Second Empire de Napoléon III, perçu comme un détournement frauduleux des idéaux du Siècle des Lumières. Interdite, l’œuvre fut mise au pilon, et son auteur, démasqué, jeté en prison. En 1917, un bien heureux hasard permis d’en redécouvrir quelques exemplaires : un cadet du tsar, qui s’était réfugié à Constantinople pour fuir la révolution russe - et qui s’y ennuyait à mort - pria l’un de ses camarades - réfugié à Londres - de lui envoyer quelques livres pour ensoleiller son exil : dans la malle qu’il reçut, figurait un exemplaire du Dialogue aux enfers... C’est l’un de ces spécimens échappés au pilon (les TPR en possèdent un autre) qui permit à Simon Eine de réaliser la première adaptation pour la scène ! Le Dialogue aux enfers des TPR repose sur l'adaptation de Christian Nardin, le livre étant trop épais pour être intégralement représenté. Cette adaptation a extrait du livre les passages les plus saillants de la controverse entre les deux personnages, de façon à dégager les deux "mondes" en présence, tout en respectant l’équilibre des affrontements qui composent l'ensemble du match.

Sujet L’œuvre présente en effet la rencontre au royaume des morts de deux figures marquantes de la pensée politique : Machiavel (diplomate de la Renaissance italienne, auteur du Traité du Prince qui montre la conquête et la conservation du pouvoir comme une succession de ruses et de violences d’où toute morale semble bannie), et Montesquieu (juriste et philosophe français, auteur de L’Esprit des Lois, qui pense les bases de la démocratie moderne). Leur rencontre dans l’espace "hors du temps" des enfers fait de leur confrontation une joute gratuite (ils ne plaident pas pour sauver leur tête) ; en retour, cette "gratuité" libère leur parole et pousse à l’extrême leur argumentation sur la nature et l’état des démocraties modernes : lequel a vu juste, en somme, sur la valeur de l’Homme et sur la meilleure société possible ? La modernité a-t-elle réussi à mettre hors jeu le despotisme (thèse de Montesquieu), ou peut-elle être sournoisement réinvestie par des formes subtiles de despotisme, au nez et à la barbe des populations, de surcroît avec la caution des valeurs du Siècle des Lumières (thèse de Machiavel) ? Réponse dans une rencontre au sommet, d’une sidérante actualité...

Élaboration du projet

Luc Michel (pharmacien industriel, comédien amateur et Président des Comédiens du Rhin pendant 37 ans) accepta le challenge en faisant tandem avec Christian Nardin. Le propos central du Dialogue aux enfers justifiait d’adosser les représentations à un forum de réflexion pour approfondir la richesse du thème abordé. Les formes d’activité humaines où opère un pouvoir capable d’influer sur l’Etat et l’orientation des sociétés modernes étant la politique, les media, l’économie et la recherche scientifique, le colloque prit pour titre Les formes modernes du pouvoir, placé sous le patronage de M. Gérald Chaix, Recteur de l’Académie de Strasbourg et Chancelier des Universités d’Alsace.

Programme complet

Presse

Accompagnement et soutiens

Photos

Vidéos

Certaines de ces vidéos sont extraites de captations improvisées de qualité limitée. Elles ont pourtant été conservées en témoignage du spectacle et du jeu des interprètes.