A l’issue de Port-Royal, où la distribution était majoritairement féminine, les comédiennes ont souhaité prolonger l’aventure. Anne-France Delarchand, qui avait joué la Mère Agnès, leur proposa de monter La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca : la distribution correspondait exactement au nombre des comédiennes de Port-Royal. Le choix était fait.
Sujet Veuve de son second mari, Bernarda Alba impose à ses cinq filles un deuil de huit ans, suivant l’application rigide de la coutume ancestrale. Dans l’atmosphère chaude et pesante de sa maison andalouse, elle règne en despote, réprimant tout écart aux obligations du deuil. Or, les tensions sont fortes entre ces femmes cloîtrées, et Bernarda ne peut étouffer les sentiments qui agitent une maisonnée habitée par les rancœurs d’une résignation feinte, la jalousie des amours déçue et la folie d’une l’aïeule sénile. L’orage menace... Car un homme est là, invisible, mais présent dans les cœurs : le beau Pepe le Romano. Il courtise pour son argent l’aînée des filles, Angustias, née du premier mariage de Bernarda ; les quatre sœurs envient leur aînée, et la plus jeune, Adela, semble avoir reçu plus que des promesses... Elle osera braver l’interdit de l’autorité matriarcale. Au prix de sa vie.
Garcia Lorca a écrit cette pièce en juin 1936, mais il ne la verra jamais jouée : la même année, qui voit l’enclenchement de la guerre civile espagnole, il est fusillé le 19 août près de Viznar par une milice franquiste. Le poète de Maria Pineda, de Noces de sang et de Yerma avait ciblé chez ses contemporains des silences qui, aujourd’hui encore, demandent à être décryptés, et à se libérer…
Représentations du 16-20 mai 2000, salle du Cube Noir.