Publiée en 1954, et créée la même année par «La Comédie Française», Port-Royal est une des pièces les plus marquantes de Montherlant.
Historique, son sujet condense en un acte unique les journées des 21 et 26 août 1664, au cours desquelles l’Archevêque de Paris, sur ordre de Louis XIV - lui-même en accord avec le Vatican - persécute le monastère de Port-Royal en interdisant aux Sœurs la participation aux Sacrements et en retirant les plus rebelles de la communauté. L’enjeu en est la signature (qu’elles refusent de donner) d’un "formulaire de l’assemblée des évêques de France" chargé de condamner le Jansénisme, doctrine particulière sur laquelle le monastère fonde sa vocation depuis sa refondation en 1608. Ces deux journées sont le sommet d’une persécution initiée par Richelieu deux décennies plus tôt, persécution qui, malgré une période de répit après l’expulsion de 1664, se poursuit jusqu’à la dissolution de la communauté des Sœurs en 1709, et la destruction du monastère de la vallée de Chevreuse en 1713.
Sujet La pièce présente le drame depuis le point de vue de la communauté des moniales. Des mois durant, celles-ci tentent de parer au retour des persécutions. A l’approche du péril pourtant, leur unité vacille : dans sa foi candide, la jeune sœur Françoise ne voit pas pourquoi on se bat pour une signature ; la Mère Agnès, emblème de Port-Royal, est résolue malgré son grand âge à subir la persécution, plutôt que de signer. Sa nièce, la Sœur Angélique de Saint-Jean, âme toute-puissante du monastère dont elle organise la résistance, s’angoisse en secret des souffrances à venir, au point d’en être au bord du doute : comment Dieu peut-il permettre cela ? Aurait-il abandonné le monastère. Et s’il n’existait pas ?… L’arrivée subite de l’Archevêque, escorté d’officiels et d’une compagnie d’archers de la Cour, exécute la sentence du Roi en arrêtant les sœurs résistantes, révélant du même coup les divisions qui minaient souterrainement la communauté.
La puissance de ce sujet fait penser à Antigone de Sophocle et au Dialogue des Carmélites de Bernanos, voire à l’ « Affaire Dreyfus » du fait des passions intellectuelles et politiques qu’elle provoqua. Avec le "retour du religieux" déjà sensible au milieu des années 1990 (victoire du FIS aux élections en Algérie, âpre controverse sur la laïcité avec l’affaire du "voile de Creil"), jouer Port-Royal était à la fois une façon de rejouer Montherlant à Strasbourg, de faire redécouvrir ce drame historique à des lycéens, à des étudiants et au grand public, et d’observer à nouveau le "fait religieux", de s’interroger sur ses fondements, sur ses vues et ses actes contradictoires, en démêlant ce qui relève d’une libre adhésion spirituelle de ce qui procède du fanatisme et des violences qui peut engendrer.
Commencée fin 1996, la préparation connut deux étapes :
Le projet s’élargit alors en deux temps…
Conseil de l’Europe, Conseil régional d’Alsace, Conseil général du Bas-Rhin, Ville de Strasbourg, DRAC, Université de Strasbourg, Librairie Muller, Radio Bleue.
Représentations du 12-16 mai 1998 au théâtre du Point d’eau - Ostwald.
Reprises :
1998 : | Théâtre du Point d’Eau, Ostwald. [22-26 novembre] |
2016 : | Bibliothèque Idéales - Strasbourg, salle de l’Aubette : extraits de la pièce + conférence de Marie Sorel, professeur à La Sorbonne. [13 septembre] |
2019 : | Salle du Münsterhoff - Strasbourg : extraits de la pièce, suivis d’une conférence de Laurence Plazenet, professeur à l’Université de Clermont-Ferrand. [25 janvier] |
Certaines de ces vidéos sont extraites de captations improvisées de qualité limitée. Elles ont pourtant été conservées en témoignage du spectacle et du jeu des interprètes.